ouvert ou fermé – thermodynamique des réseaux

Réflexion inachevée sur la thermodynamique des réseaux. En fait, je ne ferai que poser la question en espérant arriver à lire les textes qui pourraient faire avancer la question.

La science du 19e siècle a découvert les 2 premières lois de la thermodynamique.

  1. rien ne se perd, rien ne se crée, une quantité d’énergie sera transformée en une quantité d’énergie équivalente.
  2. dans un système fermé, même si l’énergie garde la même quantité (1ère loi) toute forme d’énergie se dégrade, (on appelle ce concept l’entropie, c’est un peu comme si dès qu’on change un billet de 10$, on nous donne 5 pièces de 2$, même valeur, mais moindre densité, sauf qu’en chaleur, on ne peut plus changer les « 4 trentes sous en un dollar », l’entropie est irréversible) en d’autres mots, si on utilise la chaleur d’un feu pour faire chauffer un plat d’eau, cette chaleur du feu est d’une qualité (densité) énergétique supérieure à la densité énergétique de l’énergie qu’on pourra tirer de l’eau qui a chauffé.
    1. conséquence de cette 2e loi: si, dans un système fermé, il y a un point très chaud et un point moins chaud, éventuellement, l’un transfert à l’autre et on arrive à un équilibre où il ne reste plus de différences. Cet état en est un d’entropie maximale où il ne reste plus de différences de qualité d’énergie.

Ainsi sont nées les grandes théories économiques dites de l’équilibre général: dans une économie, s’il y a des différences (une demande plus forte que l’offre) alors le prix augment, ce qui fait augmenter l’offre (puisque les producteurs sont motivés par un prix plus haut) et diminuer la demande (puisque les consommateurs sont repoussés par un prix plus élevé, jusqu’à ce qu’il y ait équilibre.

Revenons à notre système clos: toutes les différences de températures s’estompent et il ne reste qu’un équilibre où tout est pareil. Simple, non? Oui, mais très peu utile. On ne peut pas penser la Terre, par exemple, comme système fermé, puisqu’il y a constamment un apport calorique du Soleil. Le système est donc ouvert. Et l’économie, alors? et bien dans un pays, il y a les échanges avec les autres pays, il y a aussi l’innovation technologique, autant de forces qui font que le système n’est pas fermé. Les théories du 19e siècle ne suffisent donc pas à expliquer les systèmes ouverts que sont devenues nos économies.e Mais il y a bien une troisième loi de la thermodynamique, énoncée assez assez récemment par le prix Nobel de chimie, Ilya Prigogine. Cette troisième loi décrit les systèmes ouverts. Les systèmes humains le sont tous! mais le sont aussi de nombreux systèmes purement physiques ou chimiques qui se maintiennent très loin de l’équilibre et qui peuvent contenir des structures dissipatives, là où l’irréversibilité peut être source d’ordre. (Pour une réflexion sur les conséquences de cette découverte pour l’épistémologie et la philosophie et les sciences humaines, voir Prigogine, Ilya et Isabelle Stengers, Order out of Chaos, 1984, ou en français La nouvelle alliance, 1978 dont voici un résumé.)  Je me promets bien de le lire enfin. mais retournons à nos moutons…

Et les réseaux maintenant? imaginons un réseau de deux personnes. On peut bien s’imaginer l’heure où arrive le fameux « on s’est tout dit, on n’a plus rien à se dire » (même si cette étape est souvent motivée par un apport énergétique venant de l’extérieur du système. Imaginez vraiment un système clos à deux personnes.  Si dans notre expérience, il n’y avait que deux personnes, ce serait en effet le cas au bout de quelques années. Mais si ces deux personnes vivent dans un monde, qu’ils ont une vie commune seulement une partie du temps mais qu’il entre dans ce système les études et les cours de danse de l’un, l’emploi et le groupe de lecture de l’autre, sans compter les réactions aux actualités…

Enfin, je me pose la question d’où cette réflexion peut mener quand on dit d’un réseau qu’il est ouvert ou fermé. Un réseau qui s’agrandit est nécessairement ouvert. Qu’en est-il d’un réseau qui ne grandit pas, mais dans lequel entre de l’information de l’extérieur? l’apport d’information dans un réseau est-elle l’équivalent de l’apport d’énergie pour un système thermodynamique? probablement.

En tout cas, je devrai vraiment lire Prigogine maintenant, d’autant plus que Vandendorpe (p. 39-40) y fait allusion, mais simplement pour parler de la description que fait Prigogine de la science du début du XXe siècle, celle de la première loi (la deuxième loi apporte déjà l’irréversibilité). On trouve de tout sur Youtube, même un ami 😉

Je vois déjà qu’il généralise à la sociologie déjà après 12 minutes.

PS Prigogine aurait fait partie de mes études de maîtrise en économie si l’homme qui inspirait cette recherche n’était pas décédé en ma 4e année, ce qui m’a coupé l’envie de poursuivre les études à ce temps là.

3 réflexions sur “ouvert ou fermé – thermodynamique des réseaux

  1. ô, Prigogine (25:00) identifie les systèmes ouverts (loin de l’équilibre) comme non-linéaires. Une autre piste pour étudier les réseaux! et ensuite, parle du mode de fonctionnement du cerveau. Neural nets anyone?

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  2. ô encore… 35:00 alors que l’ancienne alliance voulait que l’humain recherche la connaissance (qui est donnée), donc qu’il lisait un livre déjà écrit, la nouvelle alliance veut que l’humain écrive le livre et le lit en même temps. La science « dure » rejoint enfin la complexité de la science humaine, alors que certains croyaient encore que le chemin devait se faire en sens inverse.

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  3. Èye, Mélanie (oui, toi) imagines toi qu’en cherchant de nouveau le livre de Edward T Hall dans ma bibliothèque (que tu m’avais vanté, et je l’ai trouvé. c’est ma soeur qui me l’avait légué après ses études) j’ai aussi trouvé Paul Watzlawik et coll « Une logique de la communication », ouvrage dédié à Gregory Bateson, que je voulais relire, et parlant, oui, des propriétés des systèmes ouverts!!! à suivre, donc, je lirai au moins ce chapitre. J’ai le coeur qui palpite…

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